L’origine de Saint-Cyprien – Epoque contemporaine

L’origine de Saint-Cyprien – Epoque contemporaine

Epoque contemporaine

En 1814-1815, lors des guerres napoléoniennes, des soldats autrichiens et des cosaques occupent le Forez. Ils sont cantonnés à Andrézieux viennent quelquefois à Saint-Cyprien, tirent des coups de fusils pour effrayer les gens et font des réquisitions de vivres. Un jour, ils allument un feu et font danser des petites filles autour. Pour monter au village, ils suivent à cheval le chemin des chambons et la montée du Tabot qui ne sont alors que des chemins creux qui servent aussi de fossés.  

 Avant la construction de la nouvelle route en 1818 (RD 498) et du pont sur la Loire, la route de Montbrison à Saint-Etienne passe à la limite sud du village. Les diligences et autres chariots traversent la Loire par un bac. Un plan cadastral en date du 19 juin 1811 et conservé en mairie donne les limites de la commune de « Saint-Cyprien – Andrézieux ». Une ordonnance royale du 24 septembre 1823 sépare Andrézieux de Saint-Cyprien et le rattache à Bouthéon. Andrézieux devient paroisse à part entière en 1829 et commune par ordonnance royale le 11 mars 1830. 

 Le 17 octobre 1846, une crue de la Loire qui dure deux jours, emporte les récoltes, ravage et bouleverse les chambons. Le 10 juillet 1849, un violent orage fait déborder le Furans à Saint-Etienne et fait d’énormes ravages. Pour venir en aide aux victimes de cet épouvantable désastre, le préfet lance une souscription auprès des maires des communes de la Loire. La quête faite auprès des 408 habitants de Saint-Cyprien produit la somme de cent francs et cinq centimes. 

 En termes de démographie, en 1861, la commune compte 461 habitants. L’église et le cimetière de Saint-Cyprien se trouvent en ce temps-là près du carrefour de la Croix de Tabot. L’église est construite le long du Tabot au 18ème siècle. C’est un bâtiment bas, pas très bien aéré, le sol se trouve en contre-bas de plus d’un mètre.  

 Après la construction de l’église actuelle, elle sera vendue et démolie. Il en reste : 

 La croix du clocher, qui est placée au carrefour de Verneuil, 

  • Les dalles du sol ont recouvert la murette devant la nouvelle église (murette démolie ou se trouve les places de parking actuellement) 
  • La croix du cimetière, qui est déplacée en un lieu inconnu. 

  

Vie quotidienne au 19ème siècle 

La mairie et l’école tenue par des religieuses, sont aussi dans le même quartier (maison Lyonnet). Dans la cour, un platane centenaire est alors présent. 

Laboureurs, vignerons, domestiques de ferme, journaliers, tels sont métiers de la plupart des villageois de Saint-Cyprien à l’époque. Il devait bien y avoir aussi un maçon, un charron, un cordonnier et quelques tailleuses dhabits. En ce concerne lagriculture, on cultive des pommes de terre et des topinambours pour la nourriture de la famille et aussi pour engraisser des porcs au donnent la seule viande qui est consommée. On sème le seigle et quelquefois le froment. On plantes des raves pour les vaches ; on plante du chanvre qu’on fait « teiller » dans la Loire, en bottes avec des pierres dessus.  

Le fleuve Loire est très clair et très poissonneux. Certains riverains, lorsquils ont envie de manger une truite, un barbeau ou une carpe, se jettent à leau, fouillent en plongeant dans les trous de la berge et reviennent avec un poisson entre les dents et un à chaque main. On récupère parfois les troncs d’arbres que les inondations enlèvent aux chantiers de constructions de bateaux au quartier des Barques à Saint-Rambert. Ces bateaux, nommés rambertes, servent pour transporter à Roanne, le charbon qui est acheminé de Saint-Etienne par le chemin de fer jusqu’à Andrézieux. Les accidents ne sont malheureusement pas rares. 

Les années de grande sécheresse, pour nourrir leurs bêtes lorsque les puits sont vides, les paysannes traversent la Loire, presque à sec, pour ramasser de l’herbe dans les chambons de Bouthéon (champs en bordure de la Loire) qui supportent mieux le manque d’eau. A linverse, lorsque la récolte de pommes de terre est bonne, les paysans vont vendre leurs récoltes au marché de Chavanelle, à Saint-Etienne. 

En 1870, la construction d’une nouvelle maison d’école est en cours, elle remplace l’ancienne qui est vendue. La mairie est installée dans ce nouveau timent. L’année suivante, douze platanes coûtant au total trente francs sont plantés devant et dans la cour. 

La période sombre de la guerre de 1870 ne semble pas avoir eu une grande influence sur la vie de Saint-Cyprien. Comme partout en France, chacun eu à cœur de verser assez dargent pour que le pays puisse payer lindemnité de guerre de 5 milliards de francs-or à lempire allemand. 

A cette même époque, plus exactement en 1880, avec la construction du canal du Forez, et principalement de l’artère qui irrigue SaintCyprien, le cauchemar de la sécheresse s’éloigne. Les récoltes reviennent un peu plus abondantes et de ce fait, les conditions de vie saméliorent. 

Un petit chemin de fer est installé sur le bord de la Loire pour transporter du gravier qui sert à construire le remblai de la voie ferrée de la compagnie P.L.M., entre Andrézieux et Bonson. Ce travail est terminé en 1884.  

En 1881, on dénombre 429 habitants dans le village et 80 enfants à l’école. La bascule du poids public est installée trois ans plus. Ce petit édifice permet alors de déterminer le poidsde tout véhicule routier ou d’animaux tels que des porcs ou vaches pour ensuite les vendre à un prix correspondant. 

 

L’église actuelle 

En 1874, M. Coadon achète à Jacques Dessagne un clos, dans le bourg, et en fait don pour construire une nouvelle église. Parmi les 460 habitants, une souscription est ouverte. La somme récoltée de 27955 francs permet de commencer les travaux. 

La construction ne commence réellement quen 1877 et va durer quelques années. Cest un solide bâtiment tout en pierres construit en style gothique qui est à la mode en ce temps-là. Elle est placée sous le vocable de SaintCyprien (SaintCyprien, né en 210, évêque de Carthage, martyr, décapité par ordre de l’empereur Valérien en 258, à Curubis). De nos jours, les sources divergent si oui ou non elle renferme les reliques de ce saint chrétien. 

Le clocher terminé par une flèche qui culmine à une quarantaine de mètres, renferme, en plus du mécanisme de l’horloge, deux belles cloches fondues en 1880 par la maison Burdin, de Lyon. La grosse cloche a pour parrain Joseph Alexandre Peyrard (chanoine de Lyon) et la petite cloche a pour parrain Florian Balas et pour marraine Augusta Maria Bénédicta. Tous sont fondateurs de l’église. L’abbé Martin en est curé à cette époque. 

Par des dons divers, l’église s’est garnie de vitraux et de statues. Dans l’entrée à gauche, l’autel et la statue de SaintCyprien, une châsse contenant des reliques du Saint et aussi des reliques des Saints Liberat, Honorat et Fortunat ; un vitrail représente la présentation de Jésus au Temple. A droite, la statue de Saint Michel et le vitrail de Saint Jean évangéliste. De chaque côté du portail, se trouvent deux petites statues provenant de l’ancienne église. 

Dans la nef à gauche, les statues de Saint Antoine de Padoue et de Sainte-Thérèse ; les vitraux représentent la mort de Saint Joseph, Sainte Jeanne dArc et Saint Emile. A droite, les statues de Saint Isidore, de Notre-Dame de Lourdes ; les vitraux nous présentent Saint Denis, Saint Charles Boromée et la Sainte Famille.  

Dans le transept, à gauche, deux vitraux représentant l’apparition à Sainte Marguerite (religieuse française visitandine), de Marie, Marie-Madeleine et du Christ. On trouve également un autel avec la statue du Sacré-Cœur et le confessionnal. A droite sur les vitraux : l’apparition de Lourdes et l’Annonce à Marie puis un autel avec la statue de la Sainte-Vierge. 

La chaire en chêne sculptée, très belle avec les statuettes des Evangélistes. Dans le chœur les statues de Saint Joseph, le Saint curé d’Ars, Saint Louis de Gonzague et Sainte Anne. Trois vitraux : le Christ, Saint Pierre et Saint Jean- Baptiste. 

Deux des statues proviennent de l’ancienne église, installées de chaque côté du portail, et les vitraux sont signés de Mauvernay (1911). 

 

La vie au début du 20ème siècle 

Au début du siècle, la bourgeoisie de Saint-Etienne vient sinstaller et se reposer du coté de Saint-Cyprien. Le château Balcon est lune de ces maisons cossues construites sur les bords de la Loire. Il est la propriété de monsieur Balcon qui fonda avec Etienne Mimard, la Manufacture française darmes et de cycles de Saint-Etienne dont le succès est extraordinaire.  

Il existait, en effet, des coins paradisiaques où la Loire, apaisée, permettaient de passer dagréables instants à méditer devant ces paysages champêtres. Ceci est particulièrement vrai aux lieux-dits les Balmes et la Grotte en bordure du fleuve Loire. 

Le recensement de 1901 donne 505 habitants. Un atelier de poterie fonctionne au bourg et une verrerie aux Gravières. En 1905, on construit la nouvelle école de filles (qui deviendra la mairie actuelle). Une cabine téléphonique est installée en 1907.  

Du 17 au 20 octobre 1907, on subit une forte crue de la Loire. Un arbre charrié par les eaux heurte la pille centrale du pont suspendu reliant Saint-Cyprien à Andrézieux, dans la nuit du 19 au 20. La pile se fend en deux et s’incline. Le tablier est tordu, rendant toute circulation impossible. Il faut installer un bac en attendant la démolition du pont et la construction d’un nouveau. Cet événement, portant vieux de plus de cent quinze ans, est resté dans toutes les mémoires 

La construction du nouveau pont débute en 1908. En 1907, eut aussi lieu la vente de l’ancienne église et du terrain du cimetière, celui-ci ayant été transféré sur la route de la Rive. 

Au début de l’année 1914, on démarre un projet de ligne de chemin de fer reliant Bonson à Boisset-les-Montrond et passant à Saint-Cyprien et Craintilleux. Il naura cependant pas de suite. 

 

Gaylor MEUNIER

Sources :

– le Petit messager de Saint-Cyprien (années 1910)

– Ouvrage de Pierre Chaumarat sur l’histoire de Saint-Cyprien

– Ouvrage de Marguerite Gonon Docteur ès lettres